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Charles Édouard Beltrémieux

Par Aurélien Morhain

 

La ville de La Rochelle comme nous l’avons déjà souligné (cf article ci-après : Le Museum d'Histoire Naturelle de La Rochelle), a joué un grand rôle dans le processus de création et d'évolution de la Paléontologie au XIXe siècle.  Cette ville, cité des voyageurs et du commerce, de tous temps ouverte sur l’extérieur, qui a vu la naissance de naturalistes, d’explorateurs et de  savants célèbres tels que Claude Émile Bayle, Aimé Bonpland, Aimé et Louis Benjamin Fleuriau de Bellevue ou Alcide d’Orbigny, fut profondément marquée par la Découverte avec un grand « D » et tout particulièrement en ce qui concerne les Sciences Naturelles et la paléontologie. Parmi ces « acteurs-précurseurs » en paléontologie il en est un, peu connu, à qui nous souhaitons rendre ici hommage : il s’agit de Charles-Édouard Eugène Beltrémieux (1825-1897).

 

Après des études juridiques le jeune Charles Édouard, suivant les traces de son père, embrasse une carrière d’agent de change dans la ville de La Rochelle. Il manifeste très tôt un goût prononcé pour les sciences naturelles, une passion qui lui vient sans aucun doute de son frère aîné Paul Émile Auguste qui est alors membre de la Société des Sciences Naturelles de la Charente-inférieure (depuis 1843). Compagnon d’excursions de Charles-Marie Dessalines d’Orbigny, ce grand frère permet au jeune Charles-Édouard de rejoindre en 1846 la Société des Sciences Naturelles où il s’adonne rapidement à la géologie et à la zoologie. Son implication enthousiaste l’amène à devenir apprenti-conservateur des Muséums Fleuriau et Lafaille aux côtés de CM d’Orbigny ; Il n’a alors que 21 ans. En 1853, Charles-Édouard (alors âgé de 29 ans) est proposé pour devenir (après plusieurs années de persévérance) conservateur  du Muséum Fleuriau, prenant ainsi la suite de son « parrain » CM d’Orbigny. Cette nomination lui permet d’arrêter son activité antérieure d’agent de change.  

 

Quelques années plus tard, en 1856, il dépose à la Société des Sciences Naturelles une étude intitulée « Description des falaises de l’Aunis » en 16 pages, travail rigoureux et novateur qui garde aujourd’hui encore un intérêt scientifique important notamment à propos de certains gisements locaux, aujourd’hui disparus ou inaccessibles.  Il participe en outre à de nombreuses excursions géologiques et naturalistes et en réalise plusieurs compte-rendus.

 

En 1861 il créé une nouvelle salle de zoologie dans le Museum, exposant la faune départementale et parallèlement publie aux  Annales de la Société des Sciences Naturelles, un mémoire intitulé « la faune du département de la Charente-inférieure » qu’il révisera et publiera de nouveau en 1883 et qui constitue son œuvre scientifique majeure. Devenu maire de La Rochelle en 1871, il n’en oublie cependant pas ses aspirations naturalistes : il publie notamment un travail (prenant appui sur un article de Paul Pierre Broca) dans lequel il émet des doutes sur les théories fixistes qui prédominent alors et prône des idées évolutionnistes, une démarche innovante et scandaleuse pour l’époque.

La falaise de Châtelaillon par C.E. Beltrémieux. 1884

1871 est aussi l’année pour Beltrémieux de sa nomination en tant que président de la Société des Sciences Naturelles de Charente-inférieure. Son engagement pour les sciences naturelles est alors clairement récompensé. Il conserve en outre sa fonction de conservateur du Muséum, qu’il exerce avec beaucoup de convictions et de passion.  En 1878 son dévouement est de nouveau salué lorsqu’il  est promu Officier de l’instruction publique puis Chevalier de la Légion d’Honneur.

 

Malgré ses obligations professionnelles importantes, Beltrémieux trouve le temps nécessaire à l’écriture et publie en 1883 un mémoire intitulé « la faune du département de la Charente-inférieure », reprenant l’ébauche qu’il avait éditée dans les années 1860s et dans lequel il dresse un  tableau exhaustif de 1724 espèces   vivantes. Ce mémoire s’accompagne d’un second tome intitulé  « La faune fossile »  consacré spécifiquement aux 1323 espèces fossiles qu’il a répertoriées au sein des différents niveaux géologiques du département. Ce travail, publié au soir de sa vie, synthétise 30 ans de recherches actives pour ce passionné de Sciences Naturelles.

 

Afin de rendre hommage au travail de Beltrémieux, Gustave Cotteau en 1883, dans son ouvrage « échinides du Sud-Ouest de la France », décide de baptiser une nouvelle espèce d’échinide fossile Claviaster beltremieuxi. Il précise à cette occasion : « nous sommes heureux de dédier cette espèce très curieuse au savant conservateur du Muséum Fleuriau, M.Beltrémieux. »

La falaise d'Yves par C.E. Beltrémieux. 1884

A côté de ses travaux d’écriture, il poursuit ses actions de terrain et c’est ainsi qu’on le retrouve par exemple en 1886, impliqué dans la sauvegarde, aux côtés d’Émile Couneau (adjoint au maire de La Rochelle) et de Georges Musset (archéologue et directeur de la bibliothèque et du musée des beaux arts de La Rochelle), du dolmen de La Jarne, menacé par le remembrement agricole.  L’imposant appareillage est alors installé dans le jardin botanique du Muséum où il y reste plus d’un siècle avant d’être restitué à la commune de La Jarne en 2001.

 

En 1895, il devient conservateur et directeur en chef du nouveau Muséum d’histoire Naturelle de La Rochelle, qui réunit alors les deux anciennes institutions qu’étaient le Muséum Fleuriau et le Muséum Lafaille. Le MHN de La Rochelle devient ainsi le second Muséum de France par l’ampleur de ses collections. Il décède finalement en 1897 après une vie « dédiée aux sciences et au bien public », comme le rappelle si justement Eugène Meyer, membre de l’Académie des Belles Lettres, sciences et Arts de La Rochelle.

 

En 2010, le comité de quartier de La Genette (qui compte parmi ses membres Emmanuel Beltrémieux, son petit-fils), afin de rendre hommage à ce grand homme, a proposé  à la mairie de La Rochelle de rebaptiser le parc animalier du centre ville, « Parc Charles-Édouard Beltrémieux. »  La requête a bien entendu été acceptée en octobre 2011 ; une belle manière de rendre hommage à cet homme qui rejoint ainsi les Bonpland, Fleuriau de Bellevue ou les d’Orbigny, dans la toponymie de l’agglomération rochelaise. 

Pour aller plus loin

 

- Un article « pdf » consacré aux frères Beltrémieux, édité par les « Amis du Muséum de La Rochelle » :

09 ANNALES 2010 BELTREMIEUX.pdf
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- Le journal de l’association de quartier  « Gens de Genette », qui propose un article sur Charles-Édouard Eugéne Beltrémieux :

bulletin_E-_Beltremieux-2.pdf
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Bibliographie sommaire

 

- Anonyme "Charles –Edouard-Eugène Beltrémieux, 1825-1897"Annales de la Société des Sciences Naturelles de la Charente-Inférieure, nouvelle série, volume 2. p. 103-107 ; 1936.

 

- Beltrémieux C-E, "Description des falaises de l'Aunis", imprimerie A.Siret, La Rochelle, 1856.

 

- Moreau Christian, "Les Beltrémieux, (Émile et Édouard) naturalistes et philanthropes rochelais du XIXe siècle", Annales de la Société des Sciences Naturelles de la Charente-Maritime ;  2010.

 

- Vaultier Jean-Bernard, "Charles-Édourad Beltrémieux, biographie", Bulletin du Comité de quartier de la Genette, "Gens de Genette" ; 2010.

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