Ouest-Paléo
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Échinodermes tertiaires

Le Tertiaire en Charentes

Le Tertiaire correspond à la première subdivision du Cénozoïque. On considère traditionnellement que cette période s’étend sur près de 62,4 millions d’années (de -65 Ma à -2.6 Ma). Durant cet intervalle de temps, la redistribution progressive des masses continentales, amorcée au Mésozoïque avec la dislocation de la Pangée, se poursuit. Celle-ci aboutira à la fin du Pliocène, à un agencement proche de l’actuel.

 

Le Tertiaire est considéré comme « l’ère de la vie moderne » avec en premier lieu la grande diversification des mammifères qui vont désormais régner en maître sur le globe, colonisant de très nombreuses niches écologiques. Le monde végétal connaît lui aussi un développement spectaculaire et une diversification importante, le climat en Europe occidentale décrivant alors des conditions similaires aux régions tropicales actuelles. Le Tertiaire est enfin l’ère géologique qui voit l’apparition des premiers hominidés avec dès l’Oligocène les premiers primates (- 38 Ma à - 26 Ma).

 

Globalement, le Tertiaire est assez peu représenté en Charentes : le sud de ces deux départements ne montre à l’affleurement que quelques niveaux épars appartenant au Paléogène et au Néogène. Ajoutons que ceux-ci - qu’il s’agisse de sables, d’argiles ou de graviers alluvionnaires - sont presque toujours azoïques : « soit il s’agit de dépôts qui n’ont jamais contenus de restes fossiles, soit ils en ont contenu mais ceux-ci ont été détruits lors de la grande phase d’altération sous climat chaud et humide qui s’est installé sur l’ouest de l’Europe à l’Éocène » (Néraudeau & Vullo, 2013).

 

Retrouvez dans le menu ci-contre les quelques restes fossiles appartenant à ces niveaux géologiques.

Le Paléogène.


Le Paléogène (-63 à -23 Ma), première subdivision de l’ère Tertiaire, a été identifié dans les Charentes mais sa présence à l’affleurement reste très anecdotique. Celui-ci a été principalement étudié au XXe siècle grâce aux nombreuses carrières de sables et de graviers présentes dans le sud des deux Charentes et aux affleurements littoraux du pays royannais en Charente-Maritime. Le Paléogène comprend trois époques, le Paléocène, l’Éocène et l’Oligocène, mais seules les deux premières sont présentes à l’affleurement dans les Charentes. Concernant le Paléocène, celui-ci est présent dans la région de Saint-Maigrin en Charente et autour de Montguyon en Charente-Maritime, où il se compose de sables et argiles renfermant localement de nombreux restes de végétaux (travertins à plantes). Il s’agit plus exactement du Thanétien, dernier niveau géologique du Paléocène. L’Éocène quant à lui affleure dans la région de Touvérac (Yprésien - anciennement Sparnacien - et Cuisien) où il se compose là aussi de sédiments d’origine continentale, et sur le littoral charentais (région royannaise (Lutétien)) où il se compose de sédiments marins. En Charentes, des carrières montrant des sables argileux du Cuisien ont permis la mise au jour de restes diversifiés de végétaux alors que le Lutétien de Charente-Maritime (région de Royan-La Coubre), composé en grande majorité de calcaires et de grès, recense des restes d’organismes marins relativement diversifiés (mammifères marins, requins et raies, échinidés…)

 

Paléogéographie des Charentes au Paléogène.

Cartes de l'Europe occidentale au Paléogène : A= Lutétien ; B= Rupélien. Cartes extraites du site-web : www.lithotheque.ac-aix-marseille.fr

La fin du Crétacé (Maastrichtien terminal), marquée par une régression marine généralisée sur toute la plate-forme aquitaine, entraîne l’émersion définitive de cette dernière dès le début de l’ère Tertiaire (Dubreuilh 1987 ; Platel, 1989). C’est la raison pour laquelle la grande majorité des dépôts appartenant au début du Paléogène en Charentes correspond à une sédimentation d’origine continentale et fluviatile. Cette régression marine s’accompagne alors d’un refroidissement climatique global qui perdure jusqu’à l’Éocène. C’est en effet au cours de l’Éocène que se produit un nouvel inversement de cycle sédimentaire avec le retour à une phase de réchauffement entraînant une nouvelle transgression marine et donc le retour de la mer sur le territoire des Charentes. Plus généralement, la sédimentation pendant cette partie du Tertiaire s'organise au cours de quatre grands cycles transgressifs/regressifs. Mais ces incursions marines restent très restreintes en raison de la surélévation de toute la partie nord du Bassin aquitain, conséquence de son basculement vers le sud à l’extrême fin du Mésozoïque en raison de la forte activité tectonique que connait alors la plaque européenne. Celles-ci se font uniquement sur le sud de la Bretagne et sur l’ouest de la Vendée et de la Charente-Maritime. Le trait de côte charentais est alors légèrement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui avec un paléo-littoral situé légèrement plus à l’Est. Vers le sud en revanche, entre Saint-Palais et Biarritz s’ouvre un immense golfe qui s’étend vers l’est jusqu’en région Toulousaine (voir carte ci-dessus), au gré des transgressions et régressions successives. Ce bras de mer chaud et peu profond (la température de surface des océans augmente de 5 °C à 8 °C en quelques milliers d'années) va permettre l’établissement et la grande diversification de la biodiversité marine (et en particulier des organismes à coquilles calcaire). Le reste des Charentes est alors occupé par d’immenses forêts humides et des plaines sur lesquelles serpentent des cours d’eau. La paléoflore se compose majoritairement de fougères et d’arbres aux espèces variées. On suppose que ces environnements étaient occupés par de nombreux mammifères parfois de grande taille.

Le Néogène.


Le Néogène (-23 à -2,5 Ma), seconde subdivision de l’ère Tertiaire, a été identifié dans les Charentes mais sa présence à l’affleurement reste également très anecdotique. Malgré tout, il reste possible d’observer localement de petits affleurements appartenant aux deux époques du Néogène : le Miocène et le Pliocène. Concernant le Miocène, seule sa partie terminale a pu être observée. En Charentes, un seul gisement Miocène, découvert par des paléontologues amateurs au début des années 2000, a été répertorié. Il s’agit de poches argileuses du Miocène terminal constituées par remplissage de cavités karstiques, creusées dans le calcaire coniacien de la carrière de Cozes-Grézac. Ces dernières ont livré de nombreux restes d’organismes marins (raies, requins, mammifères marins) de très bonne conservation. Le Pliocène quant à lui, n’est présent à l’affleurement qu’à l’extrême ouest de l’île d’Oléron, dans les falaises de Chassiron-La Morelière. Ces dépôts sableux à graviers renferment les restes d’organismes marins tels que des mollusques, des restes de crustacés et de vertébrés marins, des bryozoaires et des restes d’échinidés. Dans les années 80 enfin, les travaux routiers de la Nationale 10 ont révélé au sud de Ruffec, un gisement temporaire daté du Pliocène (chantier paléontologique de Barro). Celui-ci a permis la mise au jour de restes de vertébrés relativement complets et très bien conservés (Mastodons, tapirs…). Leur étude est venue préciser les conditions environnementales supposées durant le Pliocène en Charentes.

 

Paléogéographie des Charentes au Néogène.

Cartes de l'Europe occidentale au Néogène : A= Burdigalien ; B= Tortonien. Cartes extraites du site-web : www.lithotheque.ac-aix-marseille.fr

Durant le Néogène la phase de réchauffement global, amorcée pendant l'Éocène, se poursuit. La période s'ouvre sur le Miocène, ensemble géologique aujourd'hui considéré comme la période la plus chaude de tout le Cénozoïque. Dans le Bassin d’Aquitaine de timides transgressions marines se succèdent, décrivant des milieux de vie s’échelonnant de la barrière péri-récifale à des milieux plus lagunaires ou véritablement marins. Le maximum transgressif est atteint au Miocène moyen (il y a + ou - 15 Ma), l’Océan Atlantique recouvrant alors les Pays de la Loire, la Vendée et la partie sud de la Bretagne, l’Anjou et la Touraine, l’Aunis et la Saintonge (en Charentes). Ce golfe d’extension variable, a été baptisé « mer des faluns ». Les conditions climatiques, relativement stables pendant tout le Miocène, vont s’échelonner d’un climat tempéré chaud à des climats subtropicaux voire tropicaux. Sur le continent ces conditions particulières vont permettre le développement de grands mammifères tels que des éléphants antiques, des rhinocéros et des félins. Dans le milieu marin, ces conditions climatiques, combinées à une mer relativement peu profonde, vont permettre l’établissement et à la grande diversification d’organismes marins de toutes sortes : requins et raies, mammifères marins, poissons, mollusques, échinodermes, coraux…. Les terrains miocènes du sud-ouest (région bordelaise) et du nord-ouest (région de Tours) du Bassin aquitain sont particulièrement riches de ces faunes fossiles.


A l’échelle de l’Europe, le Miocène est marqué par la collision Afrique-Europe qui aboutit à l’occlusion de la Téthys. Celle-ci se réduit inexorablement en un espace résiduel préfigurant la Méditerranée, en même temps que s’édifie la chaîne alpine (Le rapprochement entre ce qui est aujourd’hui l’Afrique et l’Europe, dû aux compressions alpines, est estimé à plus de 500 kilomètres pour l’ensemble du Tertiaire). Pendant la seconde moitié du Miocène (jusqu’à -5 Ma), une nouvelle régression marine s’amorce et la mer des faluns se réduit progressivement à une vasière marneuse qui finit par disparaître totalement, comblée par les grès et les sables fauves du Langhien-Serravallien (-8 à -13 Ma). A la fin du Miocène, le bassin possède ainsi les grandes caractéristiques physiques de son architecture actuelle. La tendance au comblement et à la continentalisation est de moins en moins contrariée par les timides avancées de la mer. Après l’épisode majeur de la phase pyrénéenne et la dernière phase orogénique alpine, la tectonique ne provoque plus que le rejeu d’accidents anciens et l'Europe acquiert une morphologie de plus en plus proche de celle qu’on lui connait aujourd’hui.


Durant le Pliocène, les dérives continentales ralentissent et les terres émergées acquièrent finalement leur position actuelle. La fonte progressive des glaces antarctiques, résultant d’un réchauffement temporaire du climat, provoque une monté du niveau global des masses océaniques. Dans le sud de l’Europe, les eaux de l’Océan Atlantique envahissent la mer Méditerranée à la suite de l’ouverture du détroit de Gibraltar. Contournant les reliefs nouvellement formés, la mer s'insinue dans les parties les plus basses, principalement en Italie, en France (dans la vallée du Rhône), ainsi que dans la région des Balkans et de la Russie : on assiste à la création de petites mers résiduelles. Celles-ci occupent principalement trois bassins : le bassin Pannonique, le bassin Euxinique et le bassin Caspien (Deux d’entre elles subsistent encore de nos jours : la Mer Noire et la Mer Caspienne). Dans le Bassin aquitain, les incursions marines ne se font plus que très occasionnellement sur une partie des Landes et du Médoc (au début du Pliocène). Mais peu à peu, la bassin se comble de sédiments et celui-ci acquiert finalement un trait de côte similaire à celui que nous connaissons de nos jours. Le climat durant cette période est de type sub-tropical. « On peut facilement imaginer les horizons bas, les marécages sans fin, les forêts humides, les nappes d’eau où les argiles se déposent lentement, les deltas nourris par les crues, les rivières rapides, où cheminent les sables grossiers, entre les rideaux noires des cyprières ». (Guillien et Vatan, 1947). Ces paysages étaient alors peuplés de grands mammifères herbivores tels que Mastodons et tapirs.

Orientations bibliographiques.


- Stratotype Stampien, collection Patrimoine géologique, publications scientifiques du MNHN, Biotope éd. Lozouet Pierre (coordinateur), 2012.


- Fossiles de la préhistoire charentaise, Le Croît vif, Mazan, Néraudeau Didier et Vullo Romain, 2013.


- Géologie de la Charente, ed. du Germa, Tournepiche Jean-François, 1998.

 


- Synthèse paléogéographique et structurale des dépôts fluviatiles tertiaires du nord du Bassin d'Aquitaine. Passages aux formations palustres, lacustres et marines. Thèse doctorat ès Sciences, Bordeaux III, 461 p., 9 tab., documents du BRGM n°172, Dubreuilh J., 1989.


- Notices géologiques des cartes du BRGM : 0609N, 0658N, 0683N, 0684N, 0685N, 0706N, 0707N, 0708N, 0709N, 0731N.

 

- Guides géologiques régionaux, Poitou, Vendée, Charentes, ed. Masson, Gabilly Jean, Cariou Elie et alii, 1997.

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