Le présent article vous propose d’aller à la rencontre d’un des personnages les plus énigmatiques du paysage scientifique charentais, Bernard Palissy. Cet érudit autodidacte d’origine modeste, resté longtemps dans l’ombre de ses illustres contemporains de la Renaissance, constitue pourtant l’un des grands précurseurs européens des sciences que nous baptiserons des siècles plus tard, géologie et paléontologie. Homme de vigueur (il décède à l’âge de 80 ans) et de convictions (il n’abjurera jamais sa religion protestante), Bernard Palissy est un véritable aventurier, un curieux et touche-à-tout, qui sera tour à tour peintre, verrier, céramiste, émailleur, agronome, philosophe, chimiste, grammairien, architecte, précurseur en géologie et en paléontologie… Si l’Histoire a surtout retenu ses découvertes dans le domaine de l’émaillage de la céramique, il n’en demeure pas moins un passionné de nature et un fin observateur, capable de raisonnements scientifiques novateurs pour son époque. Contemporain de Léonard de Vinci (qu’il ne rencontrera jamais), il reste l’un des rares savants de son temps à avoir correctement interprété la véritable nature des fossiles. L’œuvre éclectique de Bernard Palissy, nous le verrons, reste fortement influencée par l’observation des roches, du sous-sol et de ce qu’il contient : nombre de ses réalisations artistiques et architecturales mettent en scène formes minérales et animaux pétrifiés, autant de curiosités qui ont fasciné ce grand homme de la Renaissance et qui ont fait son succès auprès des grands du royaume de France.
Un érudit encore trop méconnu.
Bernard Palissy serait né vers 1510, mais sa région d’origine fait débat : certains historiens pensent qu’il serait originaire de la Chapelle-Biron (près d’Agen), tandis que d’autres penchent plutôt pour la ville charentaise de Saintes. Il reste encore impossible aujourd’hui de trancher véritablement entre ces deux localités, même si nous savons avec certitude qu’il vécut à Saintes pendant de nombreuses années. On ne sait également que peu de choses sur les premières années de sa vie : issu d'une famille modeste – son père était peintre sur verre et fabricant de tuiles – il acquiert pourtant une éducation littéraire et mathématique d’un très bon niveau pour l’époque. Ce savoir lui permet d’exercer les métiers de l’arpentage, de la pourtraicture (discipline englobant alors la sculpture, la peinture et la verrerie) et de la vitrerie. Il entreprend ensuite, entre 1525 et 1530, un long et énigmatique voyage le menant à visiter de nombreuses régions françaises : son passage est attesté à Nîme, à Tarbes, dans le Sud-Ouest, la région parisienne et les Ardennes notamment. (Les historiens doutent cependant qu’il ait pu effectuer le tour de la France, et encore moins certainement celui de l’Europe, comme le voudrait la légende). Ce voyage fut vraisemblablement l’occasion pour le jeune Bernard de découvrir bien des curiosités et d’éveiller son esprit scientifique. Il se fixe vers 1535 dans la ville de Saintes en Charente-Maritime et poursuit ses activités professionnelles d’arpenteur, d’imagier et de vitrier. En 1539, alors âgé de 29 ans, il est marié, a des enfants (il en aura 6 au total ; 3 garçons et 3 filles) et habite une maison dans la ville de Saintes. C’est dans ces mêmes années qu’il commence ses célèbres recherches sur l’émail blanc, dont il parviendra finalement à mettre au point un procédé de fabrication et de cuisson à partir de 1545.
Ces années de recherches sont surtout des années d’extrême pauvreté pour lui et sa famille, les matières premières nécessaires à ses travaux étant extrêmement chères. Sa détermination à percer le secret de l’émaillage, le mènera jusqu’à brûler les tables et même le plancher de sa maison si l’on en croit les écrits de Palissy : « Je fus contraint d'aller encore acheter des pois, afin d'eprouver ledict esmail. Mais sur cela il me survint un autre malheur, lequel me donna grande fascherie, qui est que le bois m'ayant failli, je fus contraint de brusler les estapes qui soutenaient les tailles de mon jardin, lesquelles estant bruslées, je fus contrainct de brusler les tables et planchers de ma maison… »
Fort heureusement, le destin de Palissy bascule au mois de mai 1543, lorsque François Ier roi de France, ordonne la création d’un nouvel impôt sur les gabelles. A cette occasion, le connétable Anne de Montmorency est dépêché en Saintonge afin de s’assurer de la bonne levée de l’impôt auprès des sauniers révoltés. Bernard Palissy est alors engagé afin de procéder à des relevés précis des marais salants présents sur les îles et le littoral charentais. Cette tâche lui occasionne une rente confortable et lui permet de reprendre ses expérimentations sur la céramique. Après de très nombreux essais infructueux, Palissy parvient finalement à obtenir un émail jaspé de grande qualité. Cette découverte change radicalement sa vie : « il produit alors avec succès un certain nombre de vases, de statuettes, de bassins, de plats, d'ustensiles divers, qu'il appelle du nom collectif de rustiques figulines (du mot latin figulina, qui signifie toute sorte d'ouvrages de poterie). » Ces réalisations font alors son succès auprès des riches seigneurs de Saintonge, au premier rang desquels, le comte de Maulevrier et le connétable de Montmorency. Séduit par l’originalité et la beauté de l’art novateur de Palissy, Anne de Montmorency (homme de pouvoir et grand esthète), deviendra même son mécène.
Légende (ci-dessus) : statue en bronze ; ville de Sèvres, 1880 ; sculpteur : Barrias ; fondeurs : Thiebaut et frères. Bernard Palissy est représenté debout, un plat ornemental dans la main gauche, la main droite tenant l'un de ses ouvrages. Autour de lui, un four de verrier, des ammonites et un bloc de critaux, éléments représentatifs de son Oeuvre.
En cette seconde moitié du XVIe siècle, le royaume de France est fortement marqué par l’arrivée d’idées religieuses nouvelles qui ne tardent pas à devenir conflictuelles (guerre de religions). Bernard Palissy, curieux de tout, est rapidement séduit par le protestantisme, auquel il se convertit (il sera même l’un des fondateurs de l’Église réformée de Saintes). Professant ostensiblement cette nouvelle religion et organisant régulièrement en son atelier de Saintes des réunions et conférences sur le sujet, il est finalement arrêté en 1559 pour ses convictions calvinistes et emprisonné à Saintes puis à Bordeaux. Son incarcération soulève une vague de protestations alliant Louis de Bourbon, le seigneur Guy de Chabot (baron de Jarnac), Antoine de Pons, le comte de la Rochefoucaud et François III. C’est Anne de Montmorency qui le fait libérer en 1563, invoquant le titre d’"inventeur des rustiques figulines du Roy et de Monseigneur le Connétable de Montmorency". Durant cette captivité, Palissy écrit son premier ouvrage intitulé « Recepte véritable par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs trésors ». Celui-ci est publié en 1563 à La Rochelle peu après sa sortie de prison. Dans cet ouvrage, Palissy expose ses conceptions dans de nombreux domaines et glorifie sa vie de protestant persécuté et d’inventeur sans le sou.
Cette même année, le connétable de Montmorency le charge de la décoration d’une grotte "rustique" que l’on suppose destinée au jardin du château d’Écouen. Ce travail le rendra célèbre au point que Catherine de Médicis le fera mander à la cour du roi trois ans plus tard, afin de travailler à la réalisation d'une seconde grotte du même genre, dans le jardin des Tuileries (trois de ses fils, Pierre, Mathurin et Nicolas, l'aident dans la réalisation de ces œuvres). Cette reconnaissance artistique lui vaut ensuite d’intervenir dans plusieurs autres châteaux : ceux de Chaulnes et de Nesle (Picardie), celui de Reux (Normandie), de Chenonceaux (Touraine), ou encore celui de Troissereux (Picardie) dont il dessinera les jardins et qu’il agrémentera de systèmes ingénieux (eau courante, moulin…) En 1572, protégé par Catherine de Médicis, il survit aux massacres de la Saint-Barthélémy en se réfugiant à Sedan ; il ne regagnera la capitale que deux ans plus tard. En 1575, il décide de délivrer des cours scientifiques et en assure la promotion dans les rues de la capitale. Ses conférences portent sur les eaux et les fontaines, les métaux, l'alchimie, l'antimoine, l'arc-en-ciel, l'or potable (recommandé par le docteur Roch le Baillif)… (Ces conférences connaissent un véritable succès et il continuera d’en organiser jusqu’en 1584). En 1580, il publie un second ouvrage intitulé « Discours admirables de la Nature des Eaux et Fontaines tant naturelles qu'artificielles des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux », mémoire dans lequel il reprend bon nombre de ses théories novatrices et qui porte sur des domaines variés : le cycle de l'eau et l'alimentation des sources par les pluies, les métaux, l’histoire naturelle et la physique, l’hydrologie, la géologie, les fossiles, les différents aspects de la création artisanale...
Légende (ci-dessus) : bassin en forme de navette dit aux "rustiques figulines" ; terre cuite à glacure plombifère attribuée à Bernard Palissy ; XVIe siècle ; Musée des Beaux Arts de Lyon.
En décembre 1586, refusant d’abjurer sa foi dans la religion réformée, il est de nouveau arrêté sur ordre de la Ligue et finalement condamné au bannissement en juin 1587. Il décide pourtant de demeurer à Paris ce qui le mène à être arrêté à nouveau en mai 1588. Cette fois, il est condamné à mort. Faisant appel de cette sentence, le duc de Mayenne (un de ses admirateurs) en obtient l’annulation, mais ne parvient malheureusement pas à le faire libérer. Palissy voit sa peine commuée en prison à vie (lui qui a alors 78 ans). D'abord incarcéré à la Conciergerie (il recevra la visite du roi Henri III pendant cette incarcération), il finit ses jours à la Bastille où il meurt « de faim, de froid et de mauvais traitements », en 1589 ou 1590 (?).
« L'héroïsme de ce protestant persécuté jusqu'à l'emprisonnement (et la mort), l'opiniâtreté de l'inventeur en technologies nouvelles, sacrifiant sa vie de famille au succès de son obsession (la technique de l'émaillage), et enfin sa révolte intellectuelle anticonformiste contre l'immobilisme de la glose scolastique » font de Bernard Palissy l’un des plus grands érudits de la Renaissance française ; lui qui se vantait de ne parler « ni grec, ni latin », (à une époque où cette langue restait encore celle de l’élite intellectuelle), et qui se définissait modestement comme un « ouvrier de terre ».
Un naturaliste éclairé.
Si Palissy reste essentiellement connu pour son œuvre artistique singulière et sa maîtrise de la céramique émaillée, il n’en demeure pas moins un érudit aux multiples facettes, doué de connaissances immenses dans de nombreux domaines. Il est important de noter ici la grande unité de l’œuvre de Bernard Palissy (qui n’a malheureusement été prise en compte que très tardivement) : il s’agit de sa profonde admiration pour la Nature. Qu’on s’intéresse à ses travaux architecturaux, ses réalisations artistiques, ses recherches et théories, ses mémoires…, son œuvre toute entière reste imprégnée par la Nature au sens large. Doué d’un sens inné de l’observation et de la déduction, Palissy était avant tout un véritable artiste-naturaliste scrutant sans cesse la nature pour mieux la comprendre.
Sa démarche intellectuelle s’inscrit en tous points dans l’évolution des idées de la Renaissance, période de troubles et de renouveau (nombreux mouvements sociaux, scientifiques, religieux, artistiques et politiques tels que le modèle de Copernic, le sac de Rome, et la Réforme protestante) qui prône le libre examen et l’usage de la raison contre le respect de l'autorité et qui ouvre la voie à l'évangélisme et jette les bases de ce que sera l’esprit cartésien. Cette période d’émancipation des idées crée une rupture avec la période d’obscurantisme que représentait le Moyen-Âge. Redécouvrant les réalisations intellectuelles et artistiques des savants de l’Antiquité, un certain nombre d’érudits au XVIe siècle va permettre l’explosion du savoir dans de multiples domaines, au premier rang desquels la Nature et la place qu’occupe l’homme au sein de celle-ci. A une époque où cette dernière reste encore par bien des aspects inaccessible à la raison, un petit nombre de savants osent avancer des théories audacieuses basées sur leurs propres observations. C’est sans aucun doute cette curiosité naturaliste et ce sens inné de l’observation qui sont à l’origine de la passion de Palissy pour les sols, leur constitution et leurs propriétés. L’un de ses premiers métiers fut d’ailleurs arpenteur-géomètre, fonction qui le mena à pratiquer le relevé des côtes de Saintonge et des marais-salants charentais vers 1544. Et c’est certainement à cette époque qu’il commença à étudier véritablement les fossiles et les roches. Amassant « pierres » de toutes sortes, os pétrifiés et artefacts archéologiques, confondus alors sous le nom générique de « fossiles », il constitua l’un des premiers cabinets de curiosités connus.
Légende (ci-dessus) : bassin dit aux "rustiques figulines" ; terre cuite à glacure plombifère attribuée à Bernard Palissy ; XVIe siècle. On peut aisément reconnaître certaines espèces de gastéropodes fossiles du Tertiaire du Bassin parisien. (Photo-montage, magazine Fossiles n°16).
Cette nature qu’il admire tant, Palissy la place tout d’abord au centre de son œuvre artistique : en découvrant l’émail blanc et en inventant un système permettant de mieux cuire les céramiques (vers 1549), il se met à produire des pièces singulières et nouvelles qui tranchent radicalement avec la céramique alors en vogue. La technique du moulage sur nature en particulier de petits animaux, de fossiles et de végétaux, et dont les contre-moulages sont combinés sur des plats, pichets ou assiettes ornementales, inaugurent un nouveau type de décor rustique qu’il nomme « rustiques figulines ». Grâce à ce procédé ingénieux, Palissy peut ainsi représenter ses curiosités avec un réalisme saisissant. En particulier, il est intéressant de noter la grande qualité des fossiles présentés dans ses œuvres : parfaitement moulés, ceux-ci sont généralement identifiables jusqu’au niveau de l’espèce (voir illustrations ci-dessus). Mais le génie de Palissy ne s’arrête pas à la simple collecte et reproduction de fossiles ou de minéraux. Sa grande ouverture d’esprit et son érudition le mènent à se questionner sur ces objets et il élabore finalement des théories osées tentant d’expliquer leur nature, leur constitution, leur âge et leur provenance. Il élabora notamment une théorie portant sur la cristallisation des roches, élaborée 90 ans avant celle de Nicolas Sténon. De même, à une époque où l’on considère encore les fossiles comme des « jeux de la Nature » ou des preuves empiriques de l’épisode biblique du Déluge, Palissy leur envisage des origines naturelles plus ou moins anciennes. Il exposera d’ailleurs une première fois le résultat de ses observations dans le livre second de sa « Recepte véritable » de 1563 :
« une autre fois je me pourmenois le long des rochers de cette ville de Xaintes, & en contemplant les natures, j’apperceu en un rocher certaines pierres qui estoyent faites en façon d’une corne de mouton, non pas si longues ny si courbées, mais communément estoyent arquées, & avoyent environ demi pied de long. Je fus l’espace de plusieurs années, devant que je cogneusse qui pouvoit estre la cause, que ces pierres estoyent formées en telle sorte : mais il advint un jour qu’un nommé Pierre Guoy, Bourgeois & Eschevin de cette ville de Xaintes, trouva en sa Mestairie une desdites pierres, qui estoit ouverte par la moitié, & avoit certaines dentellures, qui se joignoyent admirablement l’une dans l’autre : & par ce que ledit Guoy savoit que j’estois curieux de telles choses, il me fit un présent de ladite pierre, dont je fus grandement resjouy, & dèslors je cogneu, que ladite pierre avoit esté d’autres fois une coquille de poisson, duquel nous n’en voyons plus. Et faut estimer & croire que ce genre de poisson a d’autre fois fréquenté à la mer de Xaintonge : car il se trouve grand nombre desdites pierres, mais le genre du poisson s’est perdu, à cause qu’on l’a pesché par trop souvent, comme aussi le genre des Saumons se commence à perdre en plusieurs contrées des bras de mer, parce que sans cesse on cherche à le prendre, à cause de sa bonté. » Plus loin il ajoute : « …Comment ignorants affirment que la nature ou le ciel ont créé [les fossiles] par des influences célestes ; comme si l’on y trouvoit pas les coquilles qui se sont accrues par la longueur des temps, comme si dans l’écorce des coquilles et des colimaçons on ne pouvoit pas compter les années ou les mois de leur vie… Nous ne voyions en eux aucun instrument capable de creuser la terre ou les pierres où on les trouve maintenant reclus… Pourquoi trouve-t-on tant de fragments de coquilles entre deux couches de pierres, sinon parce que ces coquilles déjà déposées sur la plage y furent recouvertes d’une terre rejetée par la mer, laquelle terre est venue ensuite à se pétrifier ?
Palissy formule ainsi, dès 1563, toutes les notions de base de la paléontologie scientifique : les fossiles correspondent à des organismes vivants disparus, la mer recouvrait autrefois des terres aujourd’hui émergées, les couches fossilifères sont d’anciens dépôts marins, les fossiles résultent de la pétrification de coquillages (Néraudeau et al. 2013). Il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’une véritable contorsion intellectuelle pour cet homme du XVIe siècle : imprégné tout à la fois par les croyances historiques de son temps et celles dictées par les Saintes Écritures, ses observations de terrain et ses théories scientifiques devaient raisonner en lui telles des contradictions majeures inextricables. C’est sans doute pour cette raison qu’il eut parfois bien du mal à expliquer la présence de fossiles dans des régions du royaume de France éloignées des rivages et pour lesquelles il envisagea plutôt des origines fluviatiles ou lasustres : c'est ce qu'Ellenberger met en lumière dans son étude de 1988, réfutant l'idée selon laquelle Palissy aurait déduit les variations eustatiques des masses océaniques au cours des temps géologiques. Plus tard, vers 1580, dans son « livre des pierres » (mémoire inséré dans "les Discours admirables"), il disserte plus longuement sur les processus géologiques les plus fondamentaux qui ont pu entrainer la fossilisation des organismes qu’il a collectés :
"…Aucunes ont été jetées en la terre, après avoir mangé le poisson, & estant en terre, par leur vertu salsitive ont fait attraction d’un sel génératif, qui est joinct avec celuy de la coquille en quelque lieu aqueux ou humide, l’affinité desdites matières estants jointes à ce corps mixte, ont endurcy & pétrifié la masse principalle. Voila la raison, & ne faut pas que tu en cherches d’autres."
Ci-dessus : Frontispice de l'édition originale des Discours admirables (1580). Édition qui servit de base à la réédition par Faujas de Saint-Fond et Gobet à la fin du XVIIIe siècle.
Nous citerons enfin ce passage des "Discours admirables" illustrant parfaitement le génie de cet homme qui, par la justesse de ses observations de terrains, nous dresse les bases de la stratigraphie moderne :
"Nous savons, dit-il, qu'en plusieurs lieux les terres sont faites par divers bancs, et en les fossoyant on trouve quelquefois un banc de terre, un autre de sable, un autre de pierre et de chaux, et un autre de terre argileuse : et communément les terres sont ainsi faites par bancs distingués. Je ne te donnerai qu'un exemple pour te servir de tout ce que j'en saurais jamais dire : regarde les carrières de terre argileuse qui sont près de Paris, entre la bourgade d'Auteuil et de Chaillot, et tu verras que, pour trouver la terre d'argile, il faut premièrement ôter une grande épaisseur de terre, une autre épaisseur de gravier, et puis après on trouve une autre épaisseur de roc, et au-dessous dudit roc on trouve une grande épaisseur de terre d'argile, de laquelle on fait toute la tuile de Paris et lieux circonvoisins." (De la marne, dans les Œuvres de Bernard Palissy, p. 141 et suiv. (édition Paris, 1777, in-4°).
Ci-dessus : l’introduction au traité Des pierres de la réédition des Discours admirables. Sommaire écrit par Faujas de Saint-Fond à la fin du XVIIIe siècle.
Les dernières années de sa vie (1576-1590) sont ainsi consacrées à l’écriture et à la théorisation de ses observations et convictions. Dans le même temps, Palissy n’aura de cesse de transmettre au plus grand nombre le fruit de ses réflexions en organisant des conférences thématiques sur différents sujets. Ses théories géologiques et paléontologiques lui vaudront d’ailleurs d’être jugé hérétique et condamné à être pendu et brûlé.
Pour aller plus loin.
Un « hommage à Bernard Palissy ; que connaît-on de lui, de ses suiveurs, de ses imitateurs, de ses continuateurs ? », proposé par l’équipe de la Cité de la céramique de Sèvres : cliquez ici
Le château d’Écouen, musée national de la Renaissance :
Le château de Troisseureux :
La cité de la Céramique de Sèvres :
Bibliographie sommaire.
- Œuvres de Bernard Palissy -
- Palissy, Bernard, Architecture et ordonnance de la grotte rustique de Mgr le Duc de Montmorancy, connestable de France, premier livre du célèbre potier demeuré inconnu, réimprimé d’après l’édition de la Rochelle, 1563... [par Edouard Rahir] ; Paris : E. Rahir, 1919
- Palissy, Bernard, Discours admirables de la nature des eaux et fontaines, tant naturelles qu'artificielles, des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux ; Paris, Martin le jeune, 1580. XII-361 p. ; Tolbiac - Rez-de-jardin – magasin – [Res P- S- 197]
Texte intégral disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70461q.r=.langFR
- Palissy Bernard, Discours admirable de l’art de terre, de son utilité, des ésmaux et du feu. [Avant-propos de Gustave Revilliod].Genève, 1863. IV- 44 p.
- Palissy Bernard, Discours admirable de l’art de terre, de son utilité, des ésmaux et du feu ; Paris, J. Haumont, 1941. 45 p.
Texte intégral disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k619347.r=.langFR
- Palissy Bernard, Discours admirables de la nature des eaux et fontaines, tant naturelles qu'artificielles, des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux ; Clermont-Ferrand, Paleo, 2000. 319 p.
- Palissy Bernard, Le Moyen de devenir riche, et la manière véritable par la quelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs thrésors et possessions , avec plusieurs autres excellens secrets des choses naturelles desquels jusques à présent l’on n’a ouy parler, par Me Bernard Palissy, ... - Seconde partie du Moyen de devenir riche, contenant les Discours admirables de la nature des eaux et fontaines tant naturelles qu’artificielles... Paris, R Foüet, 1636. 526 p.
- Palissy Bernard, Recepte véritable par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs thrésors. Item ceux qui n'ont jamais eu cognaissance des lettres pourront apprendre une philosophie nécessaire à tous les habitans de la terre. Item en ce livre est contenu le dessein d'un jardin délectable... Item le dessein et ordonnance d'une ville de forteresse la plus imprenable qu'homme ouyt jamais parler. Composé par Maistre Bernard Palissy.... La Rochelle, 1563. 132 p.
Texte intégral disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70461q.r=.langFR
- Palissy Bernard, Œuvres complètes de Bernard Palissy, édition conforme aux textes originaux imprimés du vivant de l’auteur, avec des notes ... par Paul-Antoine Cap . Paris, J. J Dubochet, 1844. XL-437 p.
- Œuvres sur Bernard Palissy -
- Audiat, Louis, Bernard Palissy. Paris : Magnin Magnard, 1864. XXI-358 p.
Texte intégral disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28743h.r=.langFR
- Audiat, Louis, Bernard Palissy, étude sur sa vie et ses travaux. Paris : Didier, 1868. VII-480-32 p.
Texte intégral disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73134q.r=.langFR
- Boulaine, Jean, Histoire des pédologues et de la science des sols ... texte mis au point par Geneviève Signeux . Paris : Institut national de la recherche agronomique, 1989. XIV-285 p.
- Capdeville, Docteur, « Bernard Palissy hydrologue ». Revue de l’Agenais , 1923, n°1 janvier-février p. 30-36. Texte intégral disponible sur Gallica :
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- Deming, D. « Born to trouble : Bernard Palissy and the hydrologic cycle ». Ground water, 2005, vol.43, n°6, p.969-972.
- Dumesnil, Alfred, Légendes françaises : Bernard Palissy : le potier de terre. Paris : Librairie nouvelle, 1851. 143 p.
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- Ellenberger F. (1988). Histoire de la Géologie , t.1. Petite collection d'histoire des Sciences. Technique et documentation-Lavoisier, Paris 352 p., 12 fig
- Ellenberger, François « Bernard Palissy, le simple potier de terre». Dans Ellenberger François Histoire de la géologie. Des anciens à la première moitié du XVIIème siècle. Paris : Technique et Documentation-Lavoisier, 1988, p. 131 -148.
- Faujas de Saint-Fond et Gobet. (1777). Les oeuvres de Bernard Palissy revues sur les exemplaires de la bibliothèque du roi, avec des notes et des additions. Ruault, Paris, 734 p.
Fillon B, Palissy Bernard, Les œuvres de maistre Bernard Palissy / nouv.ed. rev avec une notice... par Louis Audiat. Niort, Louis Clouzot, 1888. CCVI-144 p.
Texte intégral disponible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k680213.r=.langFR
- Gascar, Pierre, Les secrets de Maitre Bernard : Bernard Palissy et son temps. Paris, Gallimard, 1980. 284 p.
- La Rocque, Aurèle, « Bernard Palissy » Dans New-Hampshire inter-disciplinary conference on the history of geology. Toward a history of geology. Proceedings of the New Hampshire interdisciplinary conference on the history of geology, September 7-12, 1967. Cambridge, M.I.T press, [1969] p. 226-241.
- Leroux, Désiré « Ce qu’il faut retenir de l’œuvre scientifique de Bernard Palissy » Dans LEROUX Désiré. La vie de Bernard Palissy. Paris : H. Champion, 1927. p. 99-126.
- Michel Marguerite-Marie, Bernard Palissy, hydrologue et géologue, étude historique et critique, thèse... Bordeaux : Delmas, 1951. 137 p.
- Morley Henry, Palissy the potter : the life of Bernard Palissy of Saintes, his labours and discoveries in art and science : with an outline of his philosophical doctrines, and a translation of illustrative selections from his works. London : Chapman and Hall, 1852.
- Muller, Eugène, Bernard Palissy. Paris : Hachette, 1881. 36 p.
- Plaziat Jean-Claude, Bernard Palissy (1510--1590) and the French geologists: a critical reappraisal concerning the founding naturalist and his rustic ceramics ; Bulletin de la Société Géologique de France, ISSN 0037-9409, Vol. 182, Nº. 3, 2011 , págs. 255-267
- Plaziat Jean-Claude, Bernard Palissy, près de trois siècles de malentendus de la part des géologues, qu’il convient de dissiper à l’occasion de son 500e anniversaire. Travaux du comité français d’histoire de la géologie, troisième série, T. XXIV, 2010, n°7.
Consultable ici : https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00913946/document
- Plaziat Jean-Claude, Les fossiles du Tertiaire parisien dans l’œuvre de Bernard Palissy, en commémoration du quatrième centenaire de sa mort, Travaux du comité français d’histoire de la géologie COFRHIGEO, 1990, troisième série (tome 4) pp. 79-84.
Consultable ici : https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00942691/document
- Plaziat, Jean-Claude, « Bernard Palissy (1580), premier interprète des fossiles de la Montagne de Reims, l’énigme du Luétien de Venteuil au Pays de Valois enfin résolue ». Bulletin d’information des géologues du bassin de Paris, 2006, vol. 43, n°2, p.23-31.
- Thompson, H. R « The geographical and geological observations of Bernard Palissy the potter ». Annals of Science , 1954, vol.10, n°2, p.149-165.